Les pelouses calcaires de Bourgogne Franche-Comté, bien enracinées dans le patrimoine régional, représentent un environnement fragile que la Direction Départementale des Territoires (DDT) de Côte-d’Or souhaite préserver.
Un écosystème unique et menacé
Au début du XXème siècle, les pelouses calcaires étaient très répandues en France et notamment sur l’ancienne Bourgogne. Issues du pastoralisme, elles font partie du réseau Natura 2000 (« Arrière Côte de Dijon et de Beaune ») et sont inscrites dans la Directive européenne « Habitat Faune Flore ».
Sur près de 8000 hectares, elles hébergent une multitude de plantes, d’animaux et d’insectes adaptés à ce milieu. Les pelouses calcaires jouent également un rôle primordial dans la gestion durable de l’eau par :
- La régulation des cycles et des nutriments ;
- L’infiltration facilitée des eaux de pluie qui rechargent les nappes phréatiques ;
- La protection des sols de l’érosion.
Pelouse calcaire sur la commune de Gizia ©CENB
Orchidées du Nivernais ©Gobet Jean-Marie
Au-delà de leur valeur écologique, elles constituent l’un des patrimoines naturels les plus emblématiques de la région Bourgogne Franche-Comté. Elles attirent de nombreux randonneurs et visiteurs venus admirer ces paysages et sa biodiversité.
Situées à un carrefour géographique et climatique, les pelouses calcaires sont néanmoins menacées par les activités humaines (urbanisation et agriculture intensive) et se reboisent naturellement avec l’abandon des pratiques pastorales traditionnelles.
Identifier, cartographier et analyser l’évolution
La Direction Départementale des Territoires (DDT) de Côte-d’Or a commandité une étude pour comprendre l’évolution des pelouses calcaires et les raisons de leur disparition progressive. Menée par GEOFIT et le Conservatoire d’espaces naturels de Bourgogne (CEN), cette étude a pour objectif :
- D’établir un état des lieux des pelouses à partir de 1953 ;
- D’identifier et cartographier les surfaces de pelouses en 2017 ;
- De définir les grandes tendances ayant engendré cette régression ;
- De déterminer les zones soumises à des pressions, notamment agricoles ou d’urbanisation ;
- D’identifier des secteurs de pelouses restaurables.
La réalisation d’un guide de photo-interprétation
La photo-interprétation permet d’obtenir une cartographie des pelouses calcaires, sur plusieurs années, afin d’analyser leur évolution. Conjointement réalisé par le CEN et GEOFIT, le guide de photo-interprétation fournit un support de référence aux photo-interprètes pour la saisie et le contrôle.
Ce référentiel repose sur plusieurs spécificités :
- Une échelle de rendu comprise entre 1/5000 (données récentes) et 1/10 000 (données anciennes). Celle-ci est plus précise sur les millésimes récents, en raison de la meilleure qualité des images aériennes.
- Une unité minimale de cartographie (UMC) fixée à 5000 m² et une largeur minimale de 15 mètres, excluant ainsi les petites pelouses. Les surfaces inférieures à 500 m² à l’intérieur d’une pelouse ne sont pas représentées, mais celles dépassant 500 m² sont exclues, créant des “trouées”.
- Les pelouses sont prises en compte si elles couvrent plus de 50 % de la zone étudiée. Les surfaces avec des broussailles peuvent être incluses, à condition qu’elles couvrent moins de 50 % de la zone.
- Une cohérence topologique des données de 1953, 2002 et 2017, avec des limites de surface qui se superposent pour éviter des impressions erronées de l’évolution des pelouses.
La cartographie des évolutions sur la région
Sur la base de ce guide de photo-interprétation, GEOFIT a cartographié ses espaces et leur surface, sur les années 1953 – 2002 et 2017. Concernant la dernière année, les données ont été contrôlées sur le terrain par le bureau d’études Biotope, où son implantation locale et sa connaissance du secteur sont des atouts précieux.
Évolution des surfaces entre 1953, 2002 et 2017 : exemple au nord-ouest de Bouze les Beaune | ©Conservatoire d’espaces Naturels Bourgogne
Cette cartographie a permis d’établir le diagnostic de l’évolution des pelouses calcaires situées sur les côtes et hautes-côtes en Côte-d’Or. Pour affiner l’analyse, la zone a été découpée en fonction des unités paysagères et des régions naturelles.
Les six unités paysagères de l’Atlas des paysages de la Côte-d’Or ont été croisées avec les deux régions naturelles définies par le Conservatoire botanique national du Bassin parisien, afin de prendre en compte quatre entités : côte viticole, hautes côtes, arrière côte et montagne de l’arrière côte.
Entités paysagères de la ZPS de l’arrière côte de Dijon et de Beaune | ©Conservatoire d’espaces Naturels Bourgogne
À l’issue de ce diagnostic, la DDT de Côte-d’Or peut ainsi :
- Prioriser les zones nécessitant une gestion immédiate pour assurer leur pérennité ;
- Déterminer les secteurs d’anciennes pelouses propices à des travaux de restauration écologique.
L’évolution des pelouses calcaires de Bourgogne Franche-Comté met en lumière la nécessité d’une action concertée pour gérer plus efficacement la conservation de ces écosystèmes et restaurer les zones les plus vulnérables.
